Déli de faciès
Aujourd’hui, je pensais vous raconter la suite de mes aventures novembresques, mais j’ai changé d’avis au cours du week-end. Vous allez comprendre pourquoi.
En japonais, gaijin veut dire étranger. Ici, tous les blancs sont considérés a priori comme des Américains (tout comme en France n’importe quel asiatique est supposé Chinois). Etre à la place de l’étranger, ça fait pas mal réfléchir au racisme et à la tolérance. Et ici, on ne peut pas vraiment parler de cosmopolitisme ou de mixité, notre “non-japonitude” est écrite sur notre visage avant même qu’on n’ouvre la bouche. Souvent dans le train, même aux heures de pointe, les places à côté de nous restent vacantes. La plupart du temps, ça ne me fait plus rien (après tout, c’est eux qui restent debout…), mais y’a des fois où ça pèse. Souvent en hiver, dans les moments où on est en culture shock…
Mais là, je suis pas en culture shock et ça recommence à me taper sur le système. Pas pour moi, mais pour certains de mes copains JET-setteurs qui ont une peau plus sombre que la mienne. Candide FERRER a eu deux expériences au goût amer ces derniers jours. Samedi nous devions nous retrouver chez Jaiden UNCHIBUMP pour un jeu de rôles. Comme nous étions en avance, Jaiden nous a accompagnés acheter des sushis au marché au poisson. Et pendant ce temps bien sûr, Candide est arrivé. Il a donc dû nous attendre un peu dans la rue, fort peu fréquentée d’ailleurs. Il avait un bouquin, donc ça ne lui a pas posé de problème. Mais un Japonais passant devant lui l’a regardé bizarre, et une fois assez loin pour ne courir aucun risque, a dit “kokujin kussaï”, ce qui pourrait être traduit par ça pue le nègre. Quand nous sommes arrivés et avons retrouvé Candide, il était encore sous le choc.
A ce récit, Jaiden nous a raconté une autre histoire récente. Dans la semaine, il montrait à une collègue japonaise des photos, sur lesquelles apparaissait Candide. Et la réaction de la fille à son propos a été : “il est est kakkoï (cool), mais sans ses lunettes (noires), on dirait vraiment un singe”. Comme ça, paf ! dans la gueule, sans gants ni aucune precaution langagière.
Ces deux anecdotes m’ont profondément choquée, et je voulait vous faire un peu partager mon sentiment. En France au moins, les racistes ont mauvaise conscience et n’étalent pas leurs idées et insultes au vu et au su de tout le monde…