Déjà deux ans

Je réalisais ce matin que ça fait déjà deux ans que j'ai arrêté la musique. Pas vraiment de gaîté de coeur, mais bon.
Alors aujourd'hui, séquence souvenir-souvenir :

Quand je suis arrivée au Japon il y a trois ans et demi, il était évident pour moi que j'allais y continuer à faire de la flûte. 6ans d'harmonie municipale, que ce soit à Aix ou à Vaires, ça ne s'abandonne pas à la légère. C'était d'autant plus facile que Gardiner faisait déjà partie d'une formation ici, Buru itchi, abréviation pour ansanburu Itchikawa, du nom de la ville où l'orchestre d'harmonie répétait. J'y ai été accueillie à bras ouverts, ça on ne peut pas le leur reprocher. Les autres flûtistes étaient très sympas, on rigolait bien. Mais pas autant qu'en France. Tous les musiciens amateurs français le savent, l'harmonie municipale, c'est d'abord un lieu où on retrouve les copains, où on fait des blagues aux "ennemis" des autres pupitres (les clarinettes aux flûtes, les flûtes aux trompettes...), ou, encore mieux, au chef.
Mais au Japon, la musique est quelque chose de sérieux. Tiens, c'est bizarre, en écrivant ça, je repense au Petit Prince, la planète où quelqu'un répète "je fais des choses sérieuses, moi"... Fin de la parenthèse. Donc, oui, la musique est quelque chose de sérieux : pas de blagues, pas de bavardages... Plutôt bien pour le déroulement d'une répétition, bien sûr, mais pas très fun. Très vite, je me suis rendue compte que je n'avais pas le niveau. Si au déchiffrage je m'en tirais pas mal, après 15 jours de répétitions, les Japonais avaient tellement bossé leurs traits que j'étais loin à la traîne. Côté technique (presque) rien à redire, en ça on pourrait les considérer comme des virtuoses. Tout ce qui techniquement écrit sur la partition, ils l'exécutent.
La partition, parlons-en, justement ! Le but essentiel des répétitions est la participation à des concours d'orchestres d'harmonie. D'abord au niveau municipal, puis départemental, puis régional, et pour les très bons, national. Qui dit concours dit morceaux choisis pour leur difficulté d'exécution et non pour leur musicalité. Vous l'aurez compris, j'aimais pas ces morceaux. A côté des concours, il y a quelques rares concerts, dans des salles dont les musiciens doivent payer la location (5000 yens soit 35 euros par personne, gloups) : concert d'hiver et concert de printemps.
Nous avons joué plusieurs morceaux sympas dans ces moments-là, España de Chabrier, Les planètes de Holst, du Bach (zut, j'ai oublié le titre du morceau, pourtant je connais que lui. Ça fait ta-ta-taaa ta-ta-ta-ta-taaa taaaaa, mais si, vous connaissez forcément !). Mais à aucun moment je n'ai ressenti d'émotion en jouant. Je l'ai compris un jour où nous répétions une suite de Carmen. Métronomiquement, c'était nickel. Mais c'était justement là le problème : c'était métronomique. A aucun moment je n'ai ressenti l feu qui se dégage logiquement de Carmen, l'Espagne ardente telle qu'elle avait été rêvée par Merimée puis par Bizet. C'est là que j'ai compris que la musique à la japonaise, ce n'était plus pour moi. Après le concert de Noël 2004, Gardiner et moi avons omi d'aller aux répétitions (facile, d'oublier de ressortir le vendredi soir dans le froid de l'hiver...), et depuis, ben oui, la musique me manque.

Deux ans, déjà... Par contre, c'est sûr, dès au'on rentre en France, on s'y remet ! Et avant de partir, je m'offrirait bien une flûte neuve. Après tout, Yamaha, Sankyo, Muramatsu sont autant de noms prestigieux qui viennent d'ici, non ?

Comments

[krifane]

Je viens de découvrir ce blog qui est maintenant dans mes favoris. merçi pour partager votre quotidien et nous faire découvrir d'autres facettes du japon! Bonne continuation