Blasée, moi ?

Les cerisiers s'habillent déjà doucement de feuilles vert tendre, et je n'ai rien écrit sur les sakura cette année. Ce silence était voulu.
D'une part, pour ne pas tomber dans le piège des marronniers comme disent les journalistes.
Et aussi parce que cette année, ça ne m'a autant touchée que les années précédentes. Oui, bien sûr, je vais pas cracher dans la soupe, ce floconnement blanc-rosé est impressionnant (mes sakura préférés restent quand même les sakura "pleureurs" bien roses), mais cela vaut-il tout le flan que les Japonais font autour ? Par exemple, le fameux o-hana-mi – mot à  mot "regarder les (honorables) fleurs" – qui avait lieu le week-end dernier. Pourquoi se retrouver tous au même moment et subir une foule compacte, alors qu'on a deux semaines pour admirer-profiter-contempler les arbres en fleur ? Court, certes, mais le spectacle aussi éphémère soit-il dure suffisamment pour échelonner le plaisir, non ? D'autant plus que par dessus le marché, le week-end dernier il faisait un temps bien glauque à faire choper la crève aux gamins pas assez couverts. Juste pour vous donner une idée du monde, voilà une photo prise samedi matin à Goko, quand je suis allée faire les courses :

A croire que la foule est un indicateur du beau : plus il y a de monde, plus c'est beau, donc plus il faut AB-SO-LU-MENT y aller. Non, y'a pas à dire, je préfère une petite balade à vélo dans le cimetière en semaine et à une heure où les gens sont encore au travail.
Et puis, vous l'avouerai-je ? Le fushia soutenu des arbres de Judée de mon sud natal commence à me manquer très fort...